« La cuisine, c’est comme l’amour, on y pénètre avec abandon ou pas du tout.”, de Harriet Van Horne
Pour certain(e)s, la cuisine au quotidien est un véritable fardeau ; pour d’autres une fête, voire une passion. Comment expliquer cela, au-delà bien sûr de nos préférences et aspirations individuelles ? Est-ce parce qu’elle nous demande du temps (dont on ne dispose pas toujours dans nos marathons quotidiens) ? Est-ce parce que cette activité requiert des habiletés et nous met dès lors face à nos apprentissages toujours à perpétuer ?
C’est à mon sens, une fois de plus, l’attitude intérieure qui est en mesure de tout changer. Comme dans beaucoup d’activités du quotidien, dans notre vie qui pour beaucoup est une routine par moments indigeste et stressante, la clé ne résiderait-elle pas dans le fait de s’aventurer chaque matin, à chaque pas, à chaque repas, dans l’inconnu ? Laisser les attentes au vestiaire et surtout, (re)donner toute la place à notre imagination pour qu’à partir d’ingrédients habituels se dessinent mille nouvelles recettes. Comme en amour, nos attentes nous tendent de sacrés pièges derrière les fourneaux : envie de revivre une sensation connue, de faire plaisir, de ne pas décevoir,… Quand nous l’utilisons mal notre mémoire risque de nous faire souffrir et de nous faire passer à côté de toutes les bonnes surprises du présent en ne nous laissant voir la vie qu’à travers le filtre de nos constructions mentales (peurs, désirs,…) Dès lors, cultiver une forme d’abandon nous propose de simplement goûter ce qui est là, avec une réelle curiosité, un œil nouveau, frais, accueillant.
Cultiver l’abandon, c’est également consentir à une joyeuse imperfection : nous ne sera pas exactement comme nous l’avons imaginé, nous raterons nos recettes, pour mieux recommencer et pour réussir des plats aux saveurs improbables et incroyables. Ne nous contentons pas de la recette des habitudes, tentons du mieux que nous le pouvons de nous ouvrir à la magie de ce que chaque contexte, chaque moment peut amener d’étonnant, pour peu que nous soyons vraiment présents. Avec beaucoup de douceur et sans nous mettre la barre trop haut, évidemment !
Belle semaine à toutes et tous ! :)
(cette chronique a initialement été publiée dans la revue Gael)